Qì Gōng
Avant de s'exercer au Qi Gong, les anciens avaient une expression sur laquelle ils insistaient beaucoup, à savoir : "Xing Ming Shuang Xiu".
Dans cette expression, "Xing" signifie le Cœur et la pensée tandis que "Ming" signifie le corps vivant de l'Homme. On peut la traduire par :
"L'esprit et le corps sont les deux choses à remettre en bon état." C'est-à-dire qu'il faut extraire de ses pensées les désirs et les envies, qu'il faut faire le calme dans son cœur, que le corps doit être détendu afin de pouvoir y faire entrer l'énergie naturelle.
En conclusion, la pratique du Qi Gong est extrêmement importante, mais une conduite en accord avec la nature dans la vie de tous les jours l'est encore bien davantage. L'homme ayant le corps et le cœur calmes, le Qi et le sang peuvent circuler, le corps est alors détendu. Lorsque le cœur est calme, la pensée devient limpide comme l'eau d'un lac, il s'ensuit alors une harmonisation qui a valeur de règle pour tout le corps, qui se propage comme une onde et qui va activer les échanges gazeux au niveau de chaque cellule. C'est cela le principe du calme des Dix Mille Êtres.
Le Qi Gong, qu’est-ce-que c’est ?
Qigong en Pinyin ou Chi Kong en phonétique.
Le Qi Gong est une pratique qui mobilise le corps, les sens et l’esprit. Les termes peuvent se traduire de diverses manières s’éclairant mutuellement. « Gong » signifie « travail » dans le sens d’une œuvre à accomplir. « Qi » désigne, à la fois, le « souffle », l’ « énergie » et la « vitalité ».
La technique énergétique telle que je l'enseigne, est issue de l'énergétique traditionnelle chinoise, du taoïsme, du bouddhisme, du confucianisme et des arts martiaux. Selon les principes de l'énergétique traditionnelle chinoise, lorsque l’énergie est bloquée, le corps tombe malade. C’est pourquoi sa mise en mouvement revitalise les organes et les fonctions essentielles du corps, évitant les blocages responsables de maladies.
Sous l’influence de Confucius, les techniques énergétiques se sont développées pour harmoniser le corps et l’esprit.
Les taoïstes, quant à eux, insistent sur l’union de l’homme avec la nature et l’univers.
Pour les bouddhistes, l’important est de rendre le cœur aussi pur que limpide.
Il y a aussi le qi gong martial, dont le principe fondamental est de condenser l’énergie par des respirations profondes. Cette énergie comprimée enveloppe et protège les organes, ce qui permet au combattant de recevoir des chocs sans dommages. Au fil de l’histoire de la civilisation chinoise, ces différents courants se sont entremêlés, donnant naissance à une multitude de méthodes.
Vous comprenez ainsi pourquoi, dans cette pratique, tout est destiné à capter ce « qi » et à le faire circuler harmonieusement dans tout l’organisme, le long des méridiens et de l’espace.
Le but est de recréer un lien entre le corps et l’esprit. Dans la vie d’aujourd’hui où tout va vite et où nous sommes de plus en plus sollicités par les contraintes extérieures, cette méthode permet de mieux maîtriser sa vitalité, ses émotions, notre relation entre notre intériorité et l’extérieur, de savoir se retrouver soi-même, de faire s’épanouir ce que nous avons en nous… Le qi gong nous aide à gérer ces changements soudains sans faire appel aux médecins et autres professionnels.
Quels en sont les grands principes ?
Il est plus simple de parler des principes inhérents aux Qi gong contemporains de tendance médicale et/ou visant au bien-être, au développement personnel. Le Qi Gong actuel, s’articule autour de trois grands principes communs :
-La recherche d’une action cinétique économique et juste ;
-La mise en jeu d’une unité respiratoire et psychophysiologique du geste ;
-L’harmonie des rythmes, des proportions et des intentions dans l’exécution des formes et des enchaînements.
Xing : le Qi Gong permet d’entretenir le corps physique "Xing" : organes, muscles, articulations, tissus...Par les assouplissements, les auto massages, les exercices axiaux, l'enracinement, le relâchement des tensions, la coordination, l'équilibre, il en harmonise le fonctionnement, libère les blocages, assouplit.
Qi : le Qi gong travaille ensuite sur le souffle, cette substance subtile qui met en relation, anime, nourrit l'ensemble de l'être. Par les exercices énergétiques et notamment respiratoires, il renforce, purifie, stimule la circulation d'énergie, revitalise les différents éléments de notre constitution.
Shen ; le Qi Gong développe enfin la conscience, l'esprit (Shen), élément ancré dans la matière du corps, manifeste à travers la pensée, l'instinct, la spiritualité, la volonté, la communication...Par l'intention mise dans les mouvements et l'attention portée aux perceptions, il aide à unifier corps physique et psychisme, à retrouver calme et assurance, à se reconnecter à soi.
Harmonisation du corps et de l'esprit
Pour les Chinois, les évènements quotidiens comme la nourriture doivent être correctement assimilés. Reposant sur une approche de l’homme dans sa globalité, le qi gong vise l’harmonie entre le corps et l’esprit. Il est un moyen privilégié pour chasser les tensions musculaires et psychiques afin d’améliorer sa qualité de vie et retrouver un sentiment de bien-être, de mieux-être.
Grâce aux postures et aux mouvements lents, vous faites circuler et répartissez l’énergie dans tout l’organisme. Le travail sur la respiration oriente les mouvements du qi à l’intérieur du corps, ce qui permet de les intensifier. En y ajoutant la concentration ou l’intention dans l’exercice (un membre, un organe, un point d’énergie ou encore une image de la nature), vous créez un lien entre le corps et l’esprit. Vous allez vers une unité, vous ne serez plus séparé, la tête d’un côté, le corps de l’autre.
Les Qi gong ne sont pas anodins
Leurs exercices, aussi précis et puissants qu’une séance d’acupuncture sont souvent dispensés en dépit du bon sens par des professeurs qui ne le sont pas.
Attention à la prolifération actuelle des cours, stages et écoles qui se sont mis à fleurir sur notre territoire comme les cours d’aérobie et de body building à l’apogée de leur succès. |
Car il y a un problème fondamental : les Qi Gong sont une partie de l'énergétique chinoise. C’est-de la prévention avant tout. Mais on peut aussi se faire mal, voir même se rendre malade. Il s’agit donc de manier cet art avec précaution, d’autant qu’une grande majorité des maîtres qui se prétendent experts en Qi Gong n’ont en réalité qu’une vague idée sur le sujet. Attention donc de ne pas prendre ces exercices de santé pour un sport ou pour un moyen attrayant de s’oxygéner.
Qu’est-ce que l’on ressent lorsqu’on pratique ?
La recherche d’une aisance est primordiale dans la majorité des Qi Gong. Les mots de plaisir, d’harmonie, de fluidité et de détente reviennent fréquemment. Une séance devrait générer un état de présence et d’abandon à la fois.
Dans la tradition chinoise, le qi gong est une pratique obligatoire pour évoluer dans le haut niveau des arts martiaux internes ou externes, comme le taï-chi-chuan et le kung-fu. Il vous évite de vous faire mal parce que vous avez pris conscience de votre corps et de ses limites.
Les tensions peuvent entraîner des tendinites et autres petits bobos. D’où l’intérêt du "Yi Jing Jing" pour l’entretien des tendons et des muscles.
Les capacités respiratoires s’en trouvent améliorées. Vous ne gagnerez pas en endurance, mais vous utiliserez mieux votre souffle. A l’échauffement, il va réveiller l’énergie dans le corps et l’amener vers les groupes musculaires. En phase de récupération, il vous aide à retrouver votre vitalité. Les exercices de respiration et de concentration favorisent une meilleure disponibilité mentale, alors que le stress peut vous faire perdre vos moyens.
Attention ! Les résultats ne seront pas immédiatement ressentis, cela demande une certaine régularité et de la persévérance. Ressentir l’énergie qui circule dans le corps, la diriger et même la projeter à l’extérieur ne s’improvise pas.
Quels sont (les bénéfices), les effets que l’on peut en attendre en général ?
Le bénéfice premier est une aisance vigilante. Les mouvements trouvent le chemin de la justesse, de l’économie et de la coordination à travers des exercices à la fois plein de cohérence et de poésie. La respiration s’unifie harmonieusement au geste, le geste aux intentions, les intentions aux sensations. Les circulations du corps sont régulées, les tissus mieux drainés, nourris, oxygénés. Le corps comprend mieux l’espace, les rythmes, le rapport au sol.
- L’économie du geste.
- Équilibres posturaux.
- Coordinations élémentaires.
- Relâchement musculaire global ou ciblé.
- Étirements myofasciaux : ces étirements sont vraiment excellents parce qu’ils ne vont pas seulement étirer le muscle mais l’enveloppe du muscle qui lui regroupe une chaine de muscles de haut en bas du corps. C’est le fascia qui relie les muscles ensemble. Souvent quand on va étirer, on va dénouer des tensions qui crispent et c’est souvent ça qui créent des douleurs dans le corps.
-Levée des restrictions au geste respiratoire.
-Maitrise croissante de la relation au temps et à l’espace dans les mouvements.
A quel âge peut-on commencer cette pratique, jusqu’à quel âge ?
Esprit de compétition s'abstenir ! Le Qi Gong ne s'inscrit pas dans la performance : chacun effectue les exercices selon ces capacités.
Le Qi Gong peut se pratiquer à tout âge, si l’on fait exception de quelques courants bien particuliers :
- Les Qi Gong d’inspirations martiales, souvent conservés à l’intérieur d’écoles de même nom, qui nécessitent une condition physique préalable ainsi qu’un accompagnement spécifique.
En fait, si l’on peut marcher, on est capable de pratiquer le Qi Gong. En Chine, certaines tendances sont même utilisées en gériatrie, avec quelques aménagements. Il est également possible de s’exercer assis, à genoux, couché. Toutes les postures et les mouvements de base de la vie quotidienne sont revisités par un cycle de séances de Qi Gong.
Par contre, et par expérience, le Qi Gong reste d’un intérêt limité pour les enfants. Le préalable de capacités (et d’envies !) d’intériorisation et de centration minimales est rarement leur tasse de thé… Il serait, d’ailleurs, intéressant de développer des façons de faire plus en rapport avec le jeune âge. Certains enseignants s’y emploient actuellement en France. En Chine, les enfants pratiquent plutôt les différentes formes de Kung Fu Wu shu, éventuellement de taï-chi-chuan et ce de manière, jusqu’à très récemment, plaisante et raisonnable.
Quel est le rythme à adopter pour pratiquer le Qi Gong ?
Toute pratique exige régularité et implication afin de donner des fruits. Le Qi Gong ne fait pas exception à la règle. On peut faire un cours isolément et par plaisir, ce n’est pas interdit, mais obtenir un résultat demande plus qu’une simple visite de courtoisie.
Une séance hebdomadaire nous semble un minimum, à condition qu’elle soit accompagnée par un travail personnel quasi quotidien. Il suffit parfois de quelques minutes dans une journée pour valoriser durablement le travail dirigé d’une séance en club ou atelier.
De temps en temps, il peut se révéler profitable d’expérimenter un temps d’étude plus long (stage ou autre formule). Certains enchaînements, plus complexes, exigent une charge horaire plus importante. Enfin, il est parfois profitable et agréable de pratiquer en pleine nature, hors du contexte urbain.
Quels sont les bénéfices sur la santé et le bien-être de la pratique du Qi Gong ?
Difficile de parler de Qi Gong sans évoquer le domaine de la santé… et se rendre compte illico qu’il est difficile d’en parler ! Le Qi Gong est-il thérapeutique ? En ce cas que soigne-t-il ? Comment soigne-t-il ?
La grande majorité des Qi Gong, en France, se présente comme des pratiques de santé, et non comme des actes de soins. Cela évite d’avoir des ennuis avec les différentes instances encadrant le geste médical dans notre pays.
Un enseignant n’est pas un thérapeute. Il lui en manque la formation, le diplôme et, normalement, l’intention et la vocation. Le bon sens rejoignant ainsi la législation voudrait que l’éducateur éduque et que le soignant soigne !
Un certain nombre d’études prétendent avoir établi un lien entre Qi Gong et amélioration, voire guérison, de certaines affections. Face à ces suppositions et affirmations, il convient d’être à la fois critique et ouvert. Un grand nombre de sites, de revues et de livres traitent de ce sujet en donnant une liste plus ou moins longue de maladies traitées ou améliorées par le Qi Gong.
Pour le pratiquant, l’essentiel reste encore de ressentir un mieux-être durable suivant l’adage suivant : « Mieux vaut être empiriquement mieux que rationnellement plus mal ! ».
Si le professeur de Qi Gong ne devrait pas se présenter en tant que thérapeute, il n’en reste pas moins que l’action ou l’interaction du même nom existe de manière assez imprévisible et ce, même en dehors de toute intention de soins. Dans le cas d’une pratique interactive, il s’agit donc d’un paramètre bien réel, bien que difficile à quantifier et à prévoir.
« Nous remarquons que le processus de ces mouvements est similaire à un processus cosmogonique. Un pratiquant qui n’a pas commencé l’exécution d’un exercice ou enchainement est assimilé à l’état de chaos originel. Pour qu’il soit prêt à cette pratique, il effectue des gestes analogues à la création atemporelle de l’univers. Dans ce sens, il révèle les étapes de mobilisation du « Qi », à travers sa propre personne, telles qu’elles ont préludé à la genèse des formes innombrables dans le temps et l’espace profane ». Chercheur Coréen Kim Minh Ho (enseignant à l’université de Séoul, mais formé à la fac d’ethnologie de Bordeaux).
Les Qi Gong médicaux associant un bilan énergétique, une pathologie correspondante et un traitement spécifique peuvent avoir leur valeur, mais sont de facture récente (années 1970 ?).
Quelques conseils en vrac avant de choisir votre cours de Qi Gong :
Le Qi Gong se pratique, avant tout !
Le Qi Gong se montre, s’explique… et s’illustre. Cela peut se faire par images, métaphores, poésies, anecdotes ou textes classiques. La culture étant, là aussi, toujours au service de la pratique et surtout de la progression de l’élève au sein de celle-ci.
Le Qi Gong se marie mal avec la prétention, l’arrogance, le crédo et le prosélytisme de tout poil.
Enfin, à travers la rigueur de l’exercice et le rappel constant à la conscience, ce qui est visé est très étrangement la spontanéité naturelle du mouvement, du souffle, dans un jeu entre les formes et les « énergies ».
"L’énergie prend fin lorsque la forme nait, sauf si celle-ci est animée d’un mouvement".
"Ce qui est fixé meurt, ce qui ne l’est pas se dilue. "
Borderie Thierry. Professeur d’enseignement artistique au conservatoire de Bordeaux. En charge des pratiques corporelles et martiales.
S'adresser à une école référencée par la Fédération Arts Énergétiques et Martiaux Chinois. Vérifier que l'enseignant est titulaire d'un diplôme attestant de ses compétences techniques et pédagogiques (au-moins trois ans et 500 heures de formation).